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Robert Elsie

Texts and Documents of Albanian History

   
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Albanais dans le bazar de Skopje, 1903 (Photo: Franz Baron Nopcsa).



Albanais dans le bazar de Skopje, 1903 (Photo: Franz Baron Nopcsa).
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1884 - 1889
Jean-Claude Faveyrial:
Histoire de l'Albanie

L'auteur de la première Histoire de l'Albanie

Jean-Claude Faveyrial naquit le 25 mars 1817 à Usson en Forez, village des montagnes de l'Auvergne à l'ouest de Saint Etienne. Son père s'appelait Pierre Faveyrial et sa mère Jeanne M. Bachelard. L'auteur fit ses études secondaires aux séminaires de Lyon et vint à Paris en 1843 à l'âge de vingt-six ans, où il fut admis dans la Congrégation de la Mission Lazariste le 11 mars. Le 1 juin 1844 il fut nommé sous-diacre et six mois plus tard, le 18 décembre, diacre. Ayant fait ses voeux le 13 mars 1845, il reçut le sacrement de la Congrégation et devint prêtre le 17 mai de cette année. Aussitôt, le 1 juin 1845, fut-il envoyé en tant que missionnaire à Santorin en Grèce comme premier placement, malgré le fait qu'il voulait aller en Chine. En juillet 1847 on le retrouve à Constantinople où la Congrégation entretenait une maison qui était d'une importance considérable pour les activités de l'église catholique dans l'empire Ottoman. C'est ici à la Maison Saint-Benoît que l'auteur passe les années décisives de sa vie et où se réveille chez lui un intérêt particulier pour les ethnies diverses de la Turquie en Europe, c'est-à-dire du sud des Balkans. En 1866 il fut envoyé à Salonique et puis en 1867 à Monastir (Bitola), ville qui se trouve aujourd'hui dans le sud-ouest de la République de Macédoine. A l'époque, Salonique et Monastir étaient des villes de population hybride et d'importants centres de commerce de l'empire Ottoman. La Turquie en Europe fut peuplée bien sûr non seulement de Turcs et de Grecs, mais aussi de Bulgares, peuple slave qu'on appelle aujourd'hui dans cette partie de la péninsule des Macédoniens, de Valaques ou Aroumains qui parlent une langue romaine liée au roumain de la Roumanie, et enfin d'Albanais avec leur langue particulière qui était rarement mise à l'écriture à l'époque. A l'exception d'un court séjour à Albi en 1878, Faveyrial semble avoir passé presqu'un demi-siècle dans le sud-est de l'Europe, principalement à Monastir et à Constantinople.

C'était entre 1858 et 1867 à la Maison Saint-Benoît aux rives du Bosphore que Faveyrial a commencé à rassembler une bibliothèque historique de livres rares concernant les Albanais, les Bulgares et les Valaques. Il était un érudit curieux d'anecdotes, qui interrogeait avec soin les voyageurs et les confrères de passage et ne cessait d'écrire tout ce qu'il avait entendu dire. Faveyrial scrutait l'histoire des peuples du sud de la péninsule balkanique et les aidait à préparer leur avenir. Il visitait l'Albanie en 1884 et, ensemble avec M. Apostol Margaritis (1832-1902), inspecteur général des écoles roumaines de l'Empire Ottoman, il fondait des écoles à Berat, Korça et Prizren.

De 1859 à 1861, Jean-Claude Faveyrial était, dit-on, l'âme du mouvement bulgare. Il devint aussi un grand ami des Valaques et, vers la fin de sa vie, des Albanais. De 1867 jusqu'à sa mort, il servait à Monastir comme professeur du lycée valaque où il donnait des cours de français et de philosophie. Avec Margaritis il fondait d'autres écoles (1880-1893) aussi, cependant sans recevoir d'appointements. Après une vie de travail intense, Jean-Claude Faveyrial mourut à Monastir le 26 novembre 1893.

Dans son Histoire de la Mission Lazariste de Monastir (1942), Arthur Droulez nous donne des renseignements suivant sur le Père Faveyrial:

 

"Le 20 septembre 1866, la Mission s'augmenta d'un missionnaire déjà célèbre par le rôle qu'il avait joué dans le mouvement bulgare. M. Faveyrial était un auvergnat. Le village où il vit le jour, en 1817, Usson dans la Loire, confine au Puy-de-Dôme, mais appartient au diocèse de Lyon. C'est aux séminaires de Lyon qu'il fit ses études secondaires et cléricales. Il fut admis dans la Congrégation en 1843. Il avait eu des velléités de se faire Jésuite. Il demanda d'aller en Chine ou en Amérique. Il fut envoyé en Orient. Il se mit à l'étude du grec qu'il n'avait pas voulu apprendre au Petit-Séminaire. Toute sa vie, M. Faveyrial passa pour un grand original. Au physique, ses traits étaient fortement accentués, sa barbe hirsute et son verbe haut avec un esprit critique et souvent caustique qui n'attirait guère. Sa faible santé le rendait taciturne et le calfeutrait frileusement dans sa chambre. Mais cette chambre en désordre révélait un artiste, ou plutôt un écrivain passionné d'histoire. Il y étudiait les langues les plus diverses, le turc, l'italien, le bulgare. Il y rassemblait les livres anciens et modernes concernant les peuples balkaniques. Il interrogeait les étrangers de passage et sa plume infatigable ne cessait d'écrire tout ce qu'il entendait dire. Il fut à Saint-Benoît l'assistant du bon M. Régnier et, par ses boutades, sans doutes, le bourreau de son supérieur. La question bulgare l'intéressa particulièrement et le journal "La Bulgarie", dirigé par Tzankof, fut surtout son oeuvre. Mais la divergence de vues qu'il eut avec Mgr. Brunoni mécontenta celui-ce au point qu'il exigea l'éloignement du missionnaire. C'est dans ces conditions que, brisé et hargneux, M. Faveyrial s'en vint à Monastir. Il pouvait concourir à l'oeuvre de la conversion des Bulgares, mais la Providence le destinait, semble-t-il, à s'occuper spécialement de Valaques et c'est pourquoi il se mit à l'étude de la langue et de l'histoire roumaines (p. 13-14).

Néanmoins, M. Faveyrial marchait toujours. Il traitait la Question d'Orient au point de vue religieux. Il mettait la dernière main au Catéchisme Valaque, il achevait une Histoire d'Albanie. Il envoyait de nombreux rapports au Visiteurs, à Mgr Bonetti, au T. H. Père. Les Albanais étaient maintenant l'objet de ses préoccupations. Après les mouvements bulgares et valaques, surgissait une question albanaise analogue. 'Les Albanais', écrivait-il, 'forment une nation, une race forte et vaillante, qui demande son indépendance. Les Mirdites sont pour la France comme les Maronites du Liban. Bib-Doda, leur prince, m'a souvent répété cette parole. Je désire que la Congrégation s'intéresse aux Albanais comme aux Valaques, et ne les sépare pas' (p. 53)."

 

A cette esquisse très brève des stations principales de la vie de l'auteur, on peut ajouter quelques renseignements sur Faveyrial qui se trouvent dans une lettre écrite à Monastir le 27 novembre 1893 par M. Vincent Dupuy, prêtre de la mission, pour informer la Maison Mère à Paris de la mort du grand savant de la péninsule:

 

"Monsieur et très cher confrère. La grâce de Dieu soit avec nous pour jamais! Le 25 novembre à 11 h. 25 de la nuit, M. Faveyrial a succombé. C'est une pneumonie qui l'a emporté. Il s'est éteint doucement après avoir reçu les sacrements de pénitence et d'extrême onction. Il était très attaché aux Valaques et leur avait rendu de grands services. Ainsi le regrettent-t-ils sincèrement. Il était dévoué à cette oeuvre importante appelée 'mouvement valaque.' Vous savez que ce confrère professait chez les Valaques les quatre derniers cours les plus avancés pour le français, y compris le cours de philosophie. Vous savez encore que dans le collège valaque de Monastir, la langue française est très cultivée. A ce point de vue, l'oeuvre ne manque point d'intérêt, mais il me semble qu'on souhaite vivement le retour de ces gens à l'unité catholique. Je connais de vue quatre prêtres valaques qui, au dire de M. Faveyrial, sont catholiques et prononcent le nom du Pape Léon XIII dans leur liturgie, mais je ne puis vous dire si les fidèles de ces prêtres sont également catholiques. Mon confrère a emporté tous ses secrets dans la tombe. Jamais, jamais il ne m'a rien dit sur ces questions et voilà où nous en sommes. Vous voyez que la question est bien obscure, sauf que M. Lobry à Constantinople peut apprendre quelque chose parce que dans cette capitale se trouve M. Apostol Margaritis, le chef civil de ce mouvement de schisme avec les Phanariotes. Notre M. Faveyrial a travaillé en Orient pendant un demi-siècle. Il a fait beaucoup de manuscrits. C'est un travail immense. J'ose demander par vous au T. H. Père d'envoyer un confrère très capable comme historien et théologien pour venir examiner ces ouvrages manuscrits. Ce serait plus simple que de les envoyer à Paris. Il me semble que la Congrégation pourra profiter beaucoup de ces choses-là. Ce confrère examinateur devrait rester ici un mois environ pour parcourir à son aise ces écrits et cette énorme correspondance de lettres d'affaires concernant les Bulgares, les Valaques et la foi catholique. Que ce confrère apporte avec lui une lampe ayant une quinzaine de centimètres de diamètres, car l'écriture de M. Faveyrial est sui generis et fort difficile à lire...

Souvenirs apportés processionnellement sur la dépouille mortelle de M. Faveyrial. Ce sont des couronnes de fleurs naturelles à chacune desquelles est attachée une bande noire de deux mètres de long. L'une est ainsi: 'la famille Margaritis, regrets éternels', l'autre 'au vénérable Père Faveyrial, les élèves du lycée roumain', l'autre 'le corps de professeurs au P. Jean Faveyrial.' Les ingénieurs français ont aussi donné leurs couronnes. Le Consul d'Autriche-Hongrie en a donné aussi une bien belle. Les catholiques de Monastir ont aussi donné une couronne et un beau drap mortuaire. Une foule immense est venue aux obsèques de notre défunt. Il y avait cinq consuls: autrichien, anglais, roumain, serbe et russe. Le consul grec était absent de cette cérémonie funèbre. Nous avons fort à nous plaindre de lui parce qu'au lieu de nous protéger, il nous a abandonnés, ce qui est cause que l'ambassade de France va nous envoyer pour consul un Français de France.

M. Faveyrial est du diocèse de Lyon. Il a encore pour tout parent une nièce mariée et ayant des enfants, je crois. Informez-vous et apprenez-lui que son oncle est mort d'une pneumonie sans souffrance apparente. Tout le jour de sa mort où nous l'avons laissé exposé dans la chapelle ardente, les gens disaient: mais il dort, ce bon père, il n'est pas mort."

 

A propos du livre 'Histoire de l'Albanie'

Jean-Claude Faveyrial semble avoir écrit beaucoup mais il laissa peu de travaux publiés. On peut signaler à ce propos quelques livres qu'il publia, surtout en langue bulgare, oeuvres maintenant très rares. Entr'eux se trouvent un Manuel de politesse en bulgare (Constantinople 1858), des Dialogues français-bulgares (Constantinople 1859) et un Grand catéchisme raisonné à l'usage des Bulgares Unis en bulgare (Constantinople 1862). Nous connaissons de sa plume aussi quelques articles sur la situation à Monastir, sur la question bulgare et la liturgie bulgare, et enfin une abondante correspondance.

Malheureusement, l'essentiel de son oeuvre considérable ne fut jamais publié. Parmi ses manuscrits importants se trouvent en premier lieu la présente Histoire de l'Albanie, mais aussi une Histoire valaque (1891), une Histoire de la presqu'île d'Illyrie (s.d.), et un Catéchisme valaque à l'usage des prêtres (1891).

C'était au début des années 1990 que l'auteur de ces lignes avait entendu pour la première fois des rumeurs d'une grande Histoire de l'Albanie. Le manuscrit, disait-on, se trouvait à Istanbul. Des recherches à la Süleymaniye et dans d'autres archives de la métropole turque n'ayant pas abouti, c'est plutôt le sort qui nous a dirigé au printemps de 1998 vers le collège Saint-Benoît à Karaköy, à quelques pas de la Corne d'Or. Le collège français d'Istanbul occupe maintenant les locaux de la maison de la Congrégation de la Mission Lazariste. Du manuscrit en question on ne savait rien au collège, surtout que le dossier 'Albanie' et la plupart des archives de la Congrégation avaient été rapatriés à Paris. Enfin, le 20 septembre 1999, Père Yves Danjou, responsable pour les archives de la Maison Mère de la Communauté des Missionnaires Lazaristes à Paris, nous signala sa découverte par hasard de l'oeuvre la plus importante de Faveyrial.

L'Histoire de l'Albanie de Jean-Claude Faveyrial fut écrite entre les années 1884 et 1889. Le manuscrit, qui comporte 483 pages, est l'oeuvre de plusieurs mains. On peut assumer alors que le Père Faveyrial l'a dicté à ses assistants à Monastir. Il contient aussi des corrections et des additions de la main de l'auteur. Malgré ces modifications, on a l'impression que l'auteur n'avait pas tout à fait terminé son grand travail et que, s'il avait eu l'occasion de publier son Histoire de l'Albanie, il aurait fait encore certains changements et maintes corrections. Peut-être aurait-il ajouté aussi quelques chapitres supplémentaires pour donner une vision plus complète de l'histoire de cette région.

Quoiqu'il en soit, Histoire de l'Albanie de Jean-Claude Faveyrial est une oeuvre de grande signification culturelle pour le peuple albanais. Elle est la première oeuvre à tracer l'histoire entière de l'Albanie, de l'antiquité jusqu'à la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Faveyrial, il faut le dire, n'avait pas une conception claire et précise des Albanais en tant que nation et peuple comme on les connaît aujourd'hui. Son histoire est plutôt celle de la région sud-est-européenne avec ses diverses populations, les Albanais bien sûr, mais aussi les Valaques du Pinde, les Grecs, les Turcs et les Slaves. Ainsi l'Histoire de l'Albanie est plutôt une histoire de toute la partie sud-ouest de la péninsule balkanique, y compris non seulement l'Albanie actuelle, mais aussi l'Epire, le Monténégro et la Macédoine entière. Le lecteur trouvera aussi des renseignements importants sur l'histoire de l'église catholique aux Balkans, y compris des détails intéressants sur l'histoire du patriarcat d'Ochride (1394-1767).

L'oeuvre de Faveyrial reflète les connaissances de l'histoire des Balkans que l'on avait à son époque et, avant tout, la façon de l'écrire. L'auteur paraît avoir utilisé toutes les grandes sources de l'histoire balkanique parues jusqu'à ses jours: Aravantinos, Boué, Cantù, Dézobry et Bachelet, Farlati, Hammer-Purgstall, Hécquard, Lavallée, Le Beau, Lequien, Poirson et Cayx, et bien sûr le grand Pouqueville. Il était au courant aussi des oeuvres de littérature albanaise, par exemple des auteurs classiques du dix-septième siècle comme Budi, Bardhi (Bianchi) et Bogdani.

Bien qu'elle ne corresponde complètement aux besoins du lecteur contemporain ou de l'étudiant de l'histoire balkanique ou ecclésiastique et bien qu'elle ne soit tout a fait fidèle dans les faits comme on les connaît aujourd'hui après un siècle de recherches supplémentaires, l'Histoire de l'Albanie de Jean-Claude Faveyrial est une oeuvre pleine d'information et comprend maints détails que l'on ne saura trouver ailleurs. Le lecteur remarquera dès le début que l'auteur écrit son histoire avec passion et enthousiasme, mais qu'il n'échappe pas aux valeurs et aux préjugés religieux et nationaux de son milieu et de son époque. Faveyrial était prêtre catholique qui travaillait au coeur d'une région orthodoxe de l'empire Ottoman. Les animosités évidentes qu'il nourrit, par exemple, contre l'Orthodoxie grecque, et - il faut le dire - contre les Grecs en général, feront peut-être sourire le lecteur contemporain. Qu'on lui pardonne ces excès qui servent aussi à illustrer l'esprit de son époque.

 

Un monument d'historiographie balkanique

L'Histoire de l'Albanie de Jean-Claude Faveyrial est une oeuvre d'importance culturelle puisqu'elle constitue le premier livre jamais consacré entièrement à l'histoire de ce pays balkanique. En vue de la consolidation tardive des Albanais en tant que peuple et surtout de l'Albanie en tant qu'Etat, et peut-être aussi à cause de l'aspect énigmatique de l'histoire albanaise, les autres oeuvres du dix-neuvième siècle et même des premières décades du vingtième sont rares et plutôt fragmentaires.

A titre de comparaison, on peut signaler les suivantes. A peu près en même temps que le Père Faveyrial composait son Histoire de l'Albanie, apparut en Italie Le istorie albanesi (Les histoires albanaises, Salerne 1886), oeuvre en quatre tomes de Francesco Tajani. Toujours au dix-neuvième siècle, on rencontre aussi la première histoire de ce pays en langue albanaise, T'nnollunat e Sccypniis prei gni Gheghet ci don vênnin e vet (Les événements d'Albanie d'un Guègue qui aime sa patrie, Alexandrie 1898) de l'Albanais Stefë Zurani (1865-1941). Au début du vingtième siècle on peut signaler la publication de Historia é Shcypniis ch' me fillése e déri me kohe ku ra ne dore te Turkut (Histoire de l'Albanie depuis le début jusqu'au temps où elle tomba aux mains des Turcs, Bruxelles 1902), oeuvre de 416 pages écrite par le premier grand prosateur de la littérature albanaise, Ndoc Nikaj (1864-1951).

Pendant la première guerre mondiale, l'Albanie, Etat indépendant depuis 1912 mais limitrophe à l'empire autrichien, a retenu pour la première fois l'intérêt des historiens sérieux du monde germanophone. Parmi les principales oeuvres de l'époque se trouvent: Geschichte von Montenegro und Albanien (Histoire du Monténégro et de l'Albanie, Gotha 1914) de Spiridion Gopcevic et Geschichte Albaniens (Histoire de l'Albanie, Leipzig 1914) de Karl Roth. Peu après paraît en français: Brève histoire de l'Albanie et du peuple albanais (Bucarest 1919) du grand historien roumain Nicolae Iorga (1871-1940), livre modeste de 68 pages.

Les archives de la Congrégation des Mission Lazariste à Paris contiennent aussi d'autres documents d'importance pour l'histoire de l'Albanie et pour l'histoire de l'église catholique chez les Albanais à la fin du dix-neuvième siècle. Il s'agit entre autres de documents et de la correspondance écrits par des personnages de l'époque, quelques uns connus toujours, d'autres oubliés maintenant. Entre eux on peut noter des noms comme le prince Prenk Bib Doda Pacha (mort en 1920), Davidika Bib Doda, Margela Bib Doda, Mgr. Dario Bucciarelli (1827-1878), Mgr. Fulgence Czarev, Primo Dochi (1846-1917), Jean-Pierre Karadaku, François-Xavier Lobry, André Logorezzi, Simon Lumesi, Antonio Bittucci, Michel Tarabulusi et Georges Tchako.

La plupart des documents de ces archives, qui au début se trouvaient au collège Saint-Benoît à Istanbul, ont été rapatriés à Paris maintenant, mais on n'a malheureusement plus d'inventaire exact puisque le lycée d'Istanbul fut occupé par l'armée turque en 1914 et certains documents ont alors disparu. Quant à la grande bibliothèque de livres que le Père Faveyrial avait rassemblée, y compris sans doute beaucoup de ses propres manuscrits, elle semble avoir été détruite pendant l'incendie au centre de la Mission à Monastir en février 1909.

En publiant ce livre avec plus d'un siècle de retard, il me reste uniquement à remercier la Congrégation de la Mission Lazariste à Paris, et en particulier les Pères Yves Danjou et Paul Henzmann, pour leur assistance et leur générosité, et à espérer que le grand travail de Jean-Claude Faveyrial, retrouvé enfin après plus d'un siècle de disparition, sera lu et apprécié par le lecteur du vingt-et-unième siècle.

 

 

[extrait de: Jean-Claude Faveyrial. Histoire de l'Albanie. Edition établie et présentée par Robert Elsie. Dukagjini Balkan Books. Dukagjini, Peja 2001, p. iii-xii.]

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